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que nous la saluions, la noirceur un peu désespérée des vers de Jean-Noël Guéno. Dns ce recueil, un pas est franchi. Même si « le temps est à la pluie / pénétrante / glaciale » même s’« il guette l’avancé de la bête/ tapie en lui/ qui le dévore », c’est de bonheur qu’il est ici question. Oh pas de « ces mots qui se poussent du col » mais ces beautés fragiles, fugitives, qu’on trouve dans un morceau de musique ou ces instants haiku d’un « matin d’automne / après l’averse / sur les fils / portée d’oiseaux / bonheur ». Et plus encore que la beauté du monde, l’auteur guette les manifestations de sa bonté, concept finalement assez rare en poésie. « il écrit pour (.) renouer avec (.) l’éventuelle bonté humaine » Pas d’angélisme béat, à Nahara, « on craint toujours la pluie, souvenir de feu Fukushima » et « contre les murs / c’est toujours / l’espoir/ qu’on fusille » mais une forme de sagesse supérieure qu’il doit peut-être à François de Cornière qui lui recommandait d’ « aimer la vie », sagesse – voltairienne ? – qui dit « cultive ta joie/ même si / mauvais jardinier/ne pousse dans ta tête/que du chiendent ». Alors, il s’agit d’être attentif aux petites choses avec « les mots les plus simples/pour dire la vie qui va » ne pas passer à côté de « la bonté, fragile / versée dans le fossé/ s’en vêtir /douce pluie/sur les épaules/du chagrin ». Le temps n’est plus aux rêves d’absolu : « la vie possible/à défaut de/ “la vie rêvée” » Une grande douceur émane de ces pages, des mots-baumes qui apaisent les plaies. Somme toute, « célébrer à mi-voix/dans la pénombre/le fuseau de la beauté/il n’est pas d’autre joie/dans ce monde en miettes. »

(Décharge 187, 2020)

 

Tag(s) : #2020
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