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Reprenant en titres différents chapitres de la bible (Genèse, Deutéronome, Exode…), Sylvie Durbec se propose de fournir une patrie portative pour les sans patrie, qu’elle nomme plutôt Heimatlos. Bien que le contexte économique et social n’en soit pas absent avec des litanies de termes empruntés au monde la finance ou des banques (dette, emprunts, recettes,…), le sanpatri dont il est question avant tout est le voyageur qui porte sur lui, en lui, toute sa patrie, vous allez vers le neuf ou nouveau cette patrie ne peut être que portative volatile même obstinée à ver plutôt qu’à s’accrocher à la terre l’origine et la racine sont au futur dans cette patrie à venir. C’est en particulier le poète qui avance nu dans le territoire inconnu, jamais défriché, de la langue. Mais résiste le pas-écrit le pas-dit et revient la lancinante question de la langue étrangère seule qui vaille (…) il va falloir briser le comptoir des mots et faire banqueroute de toute l’épargne que la langue recèle derrière la barrière des dents. Au détour d’un poème, on croit comprendre que le livre est né d’une résidence d’écrivain en Bretagne avant moi, à Beauséjour / il ya eu quatorze poètes. Je suis donc le numéro quinze. C’est la règle du jeu : devenir apatride, épouser la langue et les racines provisoires de l’endroit qui vous accueille je veux écrire ici et maintenant en haut de la page du livre en breton que je vais écrire ici et maintenant. Heimatlos est encore cette demeure précaire qui permet la rencontre avec l’autre pour un poème à deux voix avec Edith Azam Construction d’un petit édifice mi-paille mi-mots dans le tout feu de la langue. Et l’on se dit que cette patrie portative dont il est sans cesse question, on la tient justement en  mains : c’est le livre.

Décharge 166, 2015

 

Tag(s) : #2015
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