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Cette anthologie bilingue, traduite de l’albanais par Alexandre Zotos, permet de découvrir (pour beaucoup) l’un des plus grands poètes kosovar, décédé en 2012 à Lodève alors qu’il était l’hôte du festival Voix de la Méditerranée. A vrai dire, son œuvre n’était pas tout à fait inédite en français, Cheyne, l’Arbre à paroles ou fondencre en avaient déjà proposé des traductions, certaines reprises ici. La plupart des textes réunis datent des années 1992 à 1997 soit une période troublée et incertaine qui a vu la naissance du Kosovo comme état indépendant. C’est donc avant tout un poète de combat, un poète patriotique que l’on entend, qu’il appelle à déboulonner la statue de Staline à Tirana ou qu’il dénonce les atrocités serbes un peu plus tard. L’ignorant que je suis ne comprend pas tout, ne connaît ni les épisodes ni les personnages auxquels il est fait allusion, mais la poésie est notre langue commune, par où l’émotion passe : l’on ne meurt pas en Kosove / les hommes ne font que se changer / en racines en branches. Ailleurs, une hymne de 1992 résonne étrangement à la lumière des événements de janvier en France : Lors même qu’on t’insulte / lors même qu’on te persécute / lors même qu’on te matraque en pleine rue / — ris mon frère / …/ le rire est ton arme la plus forte. Mais face au tumulte de l’Histoire et des rues, il y a aussi les drames intimes et ces très beaux poèmes écrits 10 ans plus tôt à la mort du fils du poète, à l’âge de 9 ans : sur la table / une feuille blanche où force m’est d’écrire / Lum Podrimja décédé le 29 septembre 1982 / mais le cœur me manque de contresigner ta mort.

Décharge 166, 2015

 

Tag(s) : #2015
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