Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

On voit à tort l’aphorisme comme un texte clos, une pastille à sucer jusqu’à épuisement des saveurs en bouche. Et donc le recueil d’aphorismes comme une succession de sentences indépendantes les unes des autres. Olivier Hervy nous prouve le contraire avec ce recueil qui est, tout aphoristique qu’il soit, une chronique de la vie de son quartier. Car il a des voisins, Hervy, qui l’ennuient ou le réjouissent, le surprennent ou excellent à le décevoir. Il y a ce voisin tatillon, cet autre discret et distant, un ami dépressif, une dame autoritaire, une autre dont le chien Fifi n’en finit pas d’être mort. Le retour en boucle des mêmes expressions pour désigner ces individus, en même temps qu’il soude chaque aphorisme au précédent et au suivant, accentue, avec cet effet de litanie, la pesanteur des désagréments de proximité. Mais malgré cette impression d’éternel retour, la situation évolue subtilement, crée une intrigue. L’histoire cependant n’est pas linéaire mais saisie par bribes comme l’énigme du petit train de l’Interlude de feue l’ORTF (pour mes lecteurs les plus chenus), ou comme ces dessins aux points numérotés qu’il s’agit de relier et qui révèlent une scène finale. Après « la chauve-souris se cogne un mètre avant le mur » Olivier Hervy poursuit son exploration du genre aphoristique. On le suit avec intérêt.

(Décharge n°185, 2019)

 

Tag(s) : #2020
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :