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Si le titre est un fécond oxymore issu, je crois, de l’univers photographique, je note en passant la contradiction agaçante du recueil de nouvelles qui devient à la page suivante un « premier roman ». Encore est-elle ici inversée, « nouvelles » figurant en couverture et la mention romanesque dans la biographie en page de garde, signant sans doute plus la bourde que l’intention commerciale trompeuse habituelle. Car il s’agit bien de nouvelles, et de très belle facture, qui déclinent le thème de l’absence envahissante (d’où le titre).  C’est le fiancé parti au front en 14, d’où il envoie de trop rassurantes lettres tandis qu’au pays son aimée l’attend en cachant sa grossesse. C’est le détenu dont femme et enfants n’espèrent pas le retour avant longtemps alors qu’une fête de Noël arrive. Mais ce peut être aussi une jambe soudain insensible, un village visité sans celui qui l’habita ou l’escalier gravi dans le souvenir de jeux disparus. L’auteure maîtrise sa technique et s’affranchit avec bonheur de la sacro-sainte chute qui clôt le sujet et coupe l’imaginaire. Au point que parfois, à la fin, on se retrouve soudain incertain du sens à donner, perdu… Absent soi-même.

(Décharge n°185, 2019)

 

Tag(s) : #2019
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