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Sachant qu’Antigone est passée à la postérité pour avoir résisté politiquement à son oncle Créon et avoir servi de guide à son père Œdipe, qu’est-ce qu’une Antigone manquée ? La question n’est pas oiseuse parce que tout le recueil est une adresse à elle, la plupart des poèmes qui le composent contiennent le pronom « Vous » : « mais vienne à nos bouches / une soif infinie / de mots par vous convoqués ». Répondre n’est cependant pas chose aisée et on reste longtemps dans l’incertitude, le trouble du verbe poétique. Le recueil s’ouvre par un éloge du non « ce oui à rien/…/ ce non, ce na / qui vous fait mettre pied à terre / et risquer la solitude / si près / si proche / de la mort. ». Si donc Antigone est la figure du renoncement absolu, intransigeant jusqu’à la mort, qu’on peut admirer, envier peut-être, l’Antigone manquée serait alors celle qui choisit de dire oui à la vie. Par faiblesse ? L’adjectif « manquée » tend à le faire accroire. Mais, prudence. « Oui, j’ose désormais le non / plutôt que la fuite / plutôt que le sommeil veule et vain / plus chair que l’assentiment redoutable / au rien. » Délicieux doute, envoûtante parole contradictoire que permet le poème.

(Décharge 171, 2016)

 

Tag(s) : #2016
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