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La poésie peut-elle être narrative ? Peut-elle raconter, avec un luxe de détails, dialogues compris, une histoire d’amour de cinq ans, une dérive orageuse, désespérante mais flamboyante aussi, une descente aux enfers de la perversité, de la manipulation, de l’alcool et des drogues, de l’amour fou pour un homme moins fou qu’il n’y parait, que n’aura sauvé, un temps, que la passion des corps qui s’étreignent et se dévorent ? Qu’importe après tout, le nom qu’on donnera à ce verbe noir, fiévreux, haletant, haché, coupé en morceaux, comme une page déchirée en tous petits morceaux - des vers ? -. Car oui, ce que « raconte » Marie Veluet sonne juste, vrai. On est troublé, dérangé, pris à partie. Et les incessants passages à la ligne n’ont rien de gratuit, d’affecté. Personnellement, je recommanderais de n’en pas lire les dernières pages, ni de l’auteure qui y esquisse une explication, une interprétation psychologique qu’une prose ordinaire dirait aussi bien, ni la postface d’Emmanuel Hiriart qui, pour appuyer son propos, nous dit qu’il a bien connu les protagonistes, qu’il peut témoigner que tout est vrai. En doutait-on ? A ces quelques pages près, la lecture de ce livre est une expérience qui rince et essore comme une course transatlantique par gros temps. Wouah !

(Décharge 169, 2016)

 

Tag(s) : #2016
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